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passage que l’anti-fédéraliste a cité de Montesquieu, et qui est si bien à l’ordre du jour. On verra que le génie de César ne travaillait pas mieux que la sottise de nos ultra-révolutionnaires à faire détester la république, et à frayer le chemin à la monarchie.

« Tous les gens qui avaient eu des projets ambitieux, avaient conspiré à mettre le désordre dans la république. Pompée, Crassus et César y réussirent à merveille ; et comme les bons législateurs cherchent à rendre leurs concitoyens meilleurs, ceux-ci cherchaient à les rendre pires. Ces premiers hommes de la république cherchaient à dégoûter le peuple de son pouvoir, et à devenir nécessaires en rendant extrêmes les inconvéniens du gouvernement républicain. Mais lorsque Auguste fut devenu le maître, il travailla à rétablir l’ordre pour faire sentir le bonheur du gouvernement d’un seul. »

C’est alors qu’Octave sut rejeter habilement sur Antoine et Lépide l’odieux des proscriptions passées ; et comme sa clémence présente appartenait à lui seul, ce fut cette clémence, dont il avait appris l’artifice de Jules-César, qui opéra la révolution, et décida, bien plus que Pharsale et Actium, de l’asservissement de l’univers pour dix-huit siècles. On était las de voir couler le sang dans le Forum et autour de la tribune aux harangues, depuis les Gracques.