auquel vous avez tous part, j’espère qu’il me sera permis, dans le cours de cet écrit apologétique, de vous adresser quelques vérités qui seront moins agréables à certains membres.
Le vaisseau de la République vogue, comme j’ai dit, entre deux écueils, le modérantisme et l’exagération. J’ai commencé mon Journal par une profession de foi politique qui aurait dû désarmer la calomnie : j’ai dit, avec Danton, qu’outrer la Révolution avait moins de péril et valait mieux encore que de rester en deçà ; que, dans la route que tenait le vaisseau, il fallait encore plutôt s’approcher du rocher de l’exagération, que du banc de sable du modérantisme. Mais voyant que le Père Duchesne, et presque toutes les sentinelles patriotes, se tenaient sur le tillac, avec leur lunette, occupés uniquement à crier : Gare ! vous touchez au modérantisme ! il a bien fallu que moi, vieux Cordelier et doyen des Jacobins, je me chargeasse de la faction difficile, et dont aucun des jeunes gens ne voulait, crainte de se dépopulariser, celle de crier : Gare ! vous allez toucher à l’exagération ! et voilà l’obligation que doivent m’avoir tous mes collègues de la Convention, celle d’avoir sacrifié ma popularité même pour sauver le navire où ma cargaison n’était pas plus forte que la leur.
Pardon, frères et amis, si j’ose prendre encore le titre de Vieux Cordelier, après l’arrêté