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ver ni peindre. Ma motion fut reçue avec des applaudissements infinis. Je continuai : — Quelles couleurs voulez-vous ? — Quelqu’un s’écria : — Choisissez. — Voulez-vous le vert, couleur de l’espérance, ou le bleu de Cincinnatus, couleur de la liberté d’Amérique et de la démocratie ? Des voix s’élevèrent : — Le vert, couleur de l’espérance ! — Alors je m’écriai : — Amis ! le signal est donné : voici les espions et les satellites de la police qui me regardent en face. Je ne tomberai pas du moins vivant entre leurs mains. Puis, tirant deux pistolets de ma poche, je dis : — Que tous les citoyens m’imitent ! Je descendis étouffé d’embrassements ; les uns me serraient contre leurs cœurs ; d’autres me baignaient de leurs larmes : un citoyen de Toulouse, craignant pour mes jours, ne voulut jamais m’abandonner. Cependant on m’avait apporté un ruban vert. J’en mis le premier à mon chapeau, et j’en distribuai à ceux qui m’environnaient. »

Depuis, je n’ai cessé de conspirer, avec Danton et Robespierre, contre les tyrans. J’ai conspiré dans la France libre, dans le discours de la Lanterne aux Parisiens, dans les Révolutions de France et de Brabant, dans la Tribune des Patriotes. Mes huit volumes in-8o attestent toutes mes conspirations contre les aristocrates de toute espèce, les royalistes, les feuillants, les brissotins,