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un traître que j’eusse voulu défendre, pourquoi aurais-je accusé ses complices ?

Si l’on veut que je sois criminel pour avoir défendu Dillon, il n’y a pas de raison pour que Robespierre ne soit pas criminel aussi pour avoir pris la défense de Camille Desmoulins, qui avait pris la défense de Dillon. Depuis quand est-ce un crime d’avoir défendu quelqu’un ? Depuis quand l’homme est-il infaillible et exempt d’erreurs ?

Collot d’Herbois lui-même qui, sans me nommer, est tombé sur moi avec une si lourde raideur, à la dernière séance des jacobins, et qui, à propos du suicide de Gaillard, s’est mis en scène, et a fait une vraie tragédie, pour exciter contre moi les passions des tribunes où l’on avait payé, ce jour-là, des places jusqu’à 25 livres, tant M. Pitt mettait d’importance à l’expulsion de la société des quatre membres dénoncés, Fabre d’Églantine, Bourdon de l’Oise, Philippeaux et moi ; Collot d’Herbois ne s’était-il pas trompé lui-même sur un général qui a livré Toulon ? sur Brunet. N’a-t-il pas défendu Proly ? Si je voulais user de représailles contre Collot, je n’aurais qu’à laisser courir ma plume, armée de faits plus forts que sa dénonciation. Mais j’immole à la patrie mes ressentiments de la violente sortie de Collot contre moi : nous ne sommes pas trop forts, tous les vrais patriotes ensemble, et serrés les uns contre les autres,