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dase. Remarquez, citoyens, que depuis deux mois, le patriote Hébert n’a cessé de diffamer Barras et Fréron, de demander leur rappel au comité de salut public, et de prôner Carteaux, sans qui Lapoype aurait peut-être repris Toulon, il y a six semaines, lorsque ce général s’était déjà emparé du fort Pharon. Remarquez que c’est lorsque Hébert a vu qu’il ne pouvait venir à bout d’en imposer à Robespierre sur le compte de Fréron, parce que Robespierre connaît les vieux cordeliers, parce qu’il connaît Fréron, comme il me connaît ; remarquez que c’est alors qu’est venue au comité de salut public, on ne sait d’où, cette fausse lettre signée Fréron et Barras ; cette lettre qui ressemble si fort à celle qu’on a fait parvenir, il y a deux jours, à la section des Quinze-Vingts, par laquelle il semblait que d’Églantine, Bourdon de l’Oise, Philippeaux et moi voulions soulever les sections. Oh ! mon cher Fréron, c’est par ces artifices grossiers que les patriotes du 10 août minent les piliers de l’ancien district des Cordeliers. Tu écrivais, il y a dix jours, à ma femme : « Je ne rêve qu’à Toulon, ou j’y périrai ou je le rendrai à la République ; je pars. La canonnade commencera aussitôt mon arrivée ; nous allons gagner un laurier ou un saule : préparez-moi l’un ou l’autre. » Oh ! mon brave Fréron, nous avons pleuré de joie tous les deux en apprenant ce matin la victoire de