Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 39 —

événements. Mais il a varié sur les hommes ? Oui ; mais les hommes eux-mêmes n'ont-ils pas varié ? Mirabeau, Lameth, Duport, Barnave, Lafayette, tous n'ont-ils pas oscillé sans cesse, selon l'inspiration du moment et l'irrésistible influence des événements ? Camille, toujours sincère, a dit, à chaque phase de leur existence politique, son mot sur leur conduite du moment, louange ou blâme, peu importe. Si ces prétendues contradictions ne se trouvaient pas dans ses écrits, je douterais davantage de son extrême bonne foi : louer ou blâmer toujours suppose un parti pris d'avance, et rien n'est plus contraire à la vérité.

Au reste, cette accusation de mobilité extrême lui était adressée par ses contemporains, et lui-même y a répondu dans le n° 69 des Révolutions de France :

« Je ne suis ni aux Lameth, ni à Bamave, ni aux Jacobins, je suis à la patrie. Il n'y a quePéthion et Robespierre que j'aie loués constamment, parce que tout homme de bonne foi conviendra qu'ils ont toujours été irréprochables. J'ai pris avec Mirabeau, tantôt la trompette, et tantôt le fouet : c'est le privilège d'une maîtresse, qu'on ne puisse l'aimer ni la haïr à demi, mais on ne peut pas en conclure que j'aie jamais varié ; car ce n'est pas la girouette qui change, c'est le vent. »

Camille a raison, il y a deux hommes sur