Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 38 —

souffrais de ne pouvoir donner des larmes à un homme, et qui avait un si beau aénie, et qui avait rendu de si éclatants services à sa patrie, et qui voulait que je fusse son ami. Je pensais à cette réponse de Mirabeau mourant à Socrate mourant, à sa réfutation du long entretien de Socrate sur l'immortalité par ce seul mot : DORMIR. Je considérais son sommeil, et ne pouvant m'ôter de l'idée ses grands projets contre l'affermissement de notre liberté, et jetant les yeux sur l'ensemble de ses deux dernières années, sur le passé et sur l'avenir, à son dernier mot, à cette profession de matérialisme et d'atbéisme, je répondais aussi par ce seul mot : TU MEURS. — La douleur du peuple l'a jugé moins sévèrement, etc. »

Enfin, le testament de Mirabeau est ouvert et dévoile la vénalité du grand tribun : dès lors il n'est plus pour Camille que JudasMirabeau.

On voit assez par cet exemple que les contradictions de Camille sont moins inexplicables qu'on le suppose quelquefois.

o On ferait, dit M. Michelet, un livre des variations du pauvre Camille. » Malgré l'autorité de l'illustre écrivain, je persiste à croire qu'elles sont beaucoup moins réelles qu'il le croit • ses principes ne varient pas, et c'est l'essentiel. C'est déjà quelque chose, à une époque où le dogmatisme le plus froid, même celui de Robespierre, hésite en présence des