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Bouchotte : regarde ta vie entière, et ose dire à quel titre tu te fais ainsi l’arbitre des réputations aux Jacobins ?

Est-ce à titre de tes anciens services ? Mais quand Danton, d’Églantine et Paré, nos trois anciens présidents permanents des Cordeliers (du district s’entend), soutenaient un siége pour Marat ; quand Thuriot assiégeait la Bastille ; quand Fréron faisait l’Orateur du Peuple ; quand moi, sans craindre les assassins de Loustalot et les sentences de Talon, j’osais, il y a trois ans, défendre, presque seul, l’ami du peuple, et le proclamer le divin Marat ; quand tous ces vétérans que tu calomnies aujourd’hui se signalaient pour la cause populaire, où étais-tu alors, Hébert ? Tu distribuais tes contre-marques, et on m’assure que les directeurs se plaignaient de la recette[1]. On m’assure que tu t’étais même opposé, aux Cordeliers, à l’insurrection du 10 août. On

  1. On disait un jour à un des acteurs du théâtre de la République, que le Père Duchesne était près d’entrer en colère contre eux : « J’ai peine à le croire, répondit celui-ci : nous avons la preuve dans nos registres, qu’il nous a volés avant qu’il fut procureur de la commune. » Il faut faire supprimer ces registres, Père Duchesne ; il faut faire ta cour au théâtre de la République, et je ne m’étonne plus de ta grande colère contre la Montansier, dans un de tes derniers numéros, et que tu nous aies fait un éloge si pompeux, si exclusif du théâtre où tu as fait tes premières armes.
    (Note de Desmoulins.)