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les intrigants, tous les fripons, tous les ambitieux, tous les ennemis du bien public ?

Malgré les diviseurs, que la Montagne reste une et indivisible comme la République ! ne laissons point avilir, dans sa troisième session, la représentation nationale. La liberté des opinions ou la mort ! Occupons-nous, mes collègues, non pas à défendre notre vie comme des malades, mais à défendre la liberté et les principes, comme des républicains ! Et quand même, ce qui est impossible, la calomnie et le crime pourraient avoir sur la vertu un moment de triomphe, croit-on que, même sur l’échafaud, soutenu de ce sentiment intime que j’ai aimé avec passion ma patrie et la République, soutenu de ce témoignage éternel des siècles, environné de l’estime et des regrets de tous les vrais républicains, je voulusse changer mon supplice contre la fortune de ce misérable Hébert qui, dans sa feuille pousse au désespoir vingt classes de citoyens et plus de trois millions de Français, auxquels il dit anathème, et qu’il enveloppe en masse dans une proscription commune ; qui, pour s’étourdir sur ses remords et ses calomnies, a besoin de se procurer une ivresse plus forte que celle du vin, et de lécher sans cesse le sang au pied de la guillotine ? Qu’est-ce donc que l’échafaud pour un patriote, sinon le piédestal des Sydney et des Jean de Witt ? Qu’est-ce, dans un moment de guerre, où j’ai