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la mort. Car, enfin, quand tu te serais trompé, tu n’as pas formé à toi seul une conspiration ; et les brissotins n’ont point péri pour une opinion ; ils ont été condamnés pour une conspiration. »

La passion ne me fera point dévier des principes, et je ne saurais être de cet avis qu’Hébert a mérité le décret d’accusation sur un numéro. Je persiste dans mon sentiment, que, non-seulement la liberté des opinions doit être indéfinie pour le député, mais même la liberté de la presse pour le journaliste. Permis à Hébert d’être le Zoïle de tous les vieux patriotes, et un calomniateur à gages ! Mais, au lieu de blasphémer contre la liberté de la presse, qu’il rende grâce à cette liberté indéfinie, à laquelle seule il doit de ne point aller au tribunal révolutionnaire, et de n’être mené qu’à la guillotine de l’opinion.

Pour moi, je ne puis friser cette guillotine-là même, au jugement des républicains éclairés. Sans doute j’ai pu me tromper :

Eh ! quel auteur, grand Dieu ! ne va jamais trop loin !

Il y a plus ; dès que le comité de salut public a improuvé mon numéro III, je ne serai point un ambitieux hérésiarque, et je me soumets à sa décision, comme Fénelon à celle de l’Église. Mais l’avouerai-je, mes chers collègues ? je relis le chapitre IX de Sénèque,