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les paroles mémorables d’Auguste, et cette réflexion du philosophe que je ne veux pas traduire, pour n’être pas encore une fois une pierre d’achoppement aux faibles ; et à ce fait sans réplique : « Post hæc nullis amplius insidiis ab ullo petitus ; » à ce fait, malgré le rapport de Barère, je sens m’échapper toute ma persuasion que mon idée d’un comité de clémence fût mauvaise. Car remarquez bien que je n’ai jamais parlé de la clémence du modérantisme, de la clémence pour les chefs, mais de cette clémence politique, de cette clémence révolutionnaire, qui distingue ceux qui n’ont été qu’égarés. À ce fait, disais-je, sans réplique, j’ai toutes les peines du monde à souscrire à la censure de Barère, et à ne pas m’écrier comme Galilée, condamné par le sacré collège : « Je sens pourtant qu’elle tourne ! »

Certes, le procureur général de la Lanterne, en 1789, est aussi révolutionnaire qu’Hébert qui, à cette époque, ouvrait des loges aux ci-devant, avec des salutations jusqu’à terre. Mais dès lors, quand j’ai vu l’assassinat ultra-révolutionnaire du boulanger François, fidèle à mon caractère, ne me suis-je pas écrié, que c’était la cour elle-même, Lafayette, et les Hébert de ce temps-là, les patriotiquement aristocrates, qui avaient fait ce meurtre, pour rendre la Lanterne odieuse ? Celui-là encore aujourd’hui est révolution-