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publique, et peut-être un peu à mon imagination et à ses écarts, si l’on veut, mais non à l’ascendant et à l’influence de qui que ce soit. Ceux qui condamnent le Vieux Cordelier, n’ont donc pas lu les Révolutions de France et de Brabant. Ils se souviendraient que ce sont ces même rêves de ma philanthropie, qu’on me reproche, qui ont puissamment servi la Révolution, dans mes numéros 89, 90 et 91. Ils verraient que je n’ai point varié ; que ce sont les patriotes eux-mêmes qui ont enraciné dans ma tête ces erreurs par leurs applaudissements, et que ce système de républicanisme dont on veut que je proscrive l’ensemble, n’est point en moi apostasie, mais impénitence finale.

On ne se souvient donc plus de ma grande colère contre Brissot, il y a au moins trois ans, à propos d’un numéro du Patriote français où il s’avisait de me rappeler à l’ordre, et de me traiter de républicain muscadin, précisément à cause que j’avais énoncé les mêmes opinions que je viens de professer tout à l’heure. « Qu’appelez-vous, lui répondis-je quelque part (dans mon second tome, je crois) ; que voulez-vous dire avec votre brouet noir, et votre liberté de Lacédémone ? Le beau législateur que ce Lycurgue dont la science n’a consisté qu’à imposer des privations à ses concitoyens ; qui les a rendus égaux comme la tempête rend égaux tous ceux qui ont fait