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ceux qui ne chercheraient dans ce journal qu’à repaître de satire leur malignité, et leur pessimisme de vérités intempestives, retirent leurs abonnements. Je crois avoir bien mérité de la patrie, en tirant la plume contre les ultrà-révolutionnaires, dans le Vieux Cordelier, malgré ses erreurs.

Quelque ivraie d’erreurs n’étouffe point une moisson de vérités. Mais je reconnais que mes numéros auraient été plus utiles, si je n’avais pas mêlé aux choses les noms des personnes. Dès que mon vœu, le vœu de Coligny, le vœu de Mézerai est enfin accompli, et que la France est devenue une république, il faut s’attendre à des partis, ou plutôt à des coteries et à des intrigues sans cesse renaissantes. La liberté ne va point sans cette suite de cabales, surtout dans notre pays où le génie national et le caractère indigène ont été, de toute antiquité, factieux et turbulents, puisque J. César dit, en propres termes, dans ses Commentaires : « Dans les Gaules on ne trouve que des factions et des cabales, non-seulement dans tous les départements, districts et cantons, mais même dans les vics ou villages[1]. » Il faut donc s’attendre à des partis, ou, pour mieux dire, à des compérages qui haïront plutôt la fortune que les principes

  1. « In Galliâ factiones sunt, non solum in omnibus civitatibus, atque pagis, partibusque, sed in vicis, etc. »