Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/503

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avait affaire aux plus fripons des enfants de Romulus. »

Que de réflexions présente cette épigraphe ! C’est Cicéron qui, en composant avec les vices de son siècle, croit retarder la chute de la république, et c’est l’austérité de Caton qui hâte le retour de la monarchie. Solon avait dit, en d’autres termes, la même chose : « Le législateur qui travaille sur une matière rebelle, doit donner à son pays, non pas les meilleures lois en théorie, mais les meilleures dont il puisse supporter l’exécution. » Et J.-J. Rousseau a dit après : « Je ne viens point traiter des maladies incurables. » On a beau dire que mon numéro VI manque d’intérêt, parce qu’il manque de personnalités ; que

    bable. Du reste le bruit suffisait. L’effet du factum eût été terrible. C’était à Robespierre à voir s’il devait attendre le coup… De hasarder la parole contre Desmoulins, il n’y avait pas à y songer. Un dieu qui discute est perdu ; Robespierre, d’ailleurs, n’avait qu’une corde sérieuse et triste. Il était sans armes contre l’ironie. Ses excursions en ce genre n’étaient pas heureuses. Il ne pouvait plaisanter Desmoulins, mais bien le tuer. Nous ne doutons aucunement qu’il n’ait été terrifié, la première fois que cette idée cruelle lui vint à l’esprit. Cet aimable, ce doux, ce bon camarade qui n’avait pas passé un jour sans travailler à sa réputation ! Ces souvenirs n’étaient-ils rien ? Y avait-il un homme encore en Robespierre ? Je soutiens et je jurerais qu’il eut le cœur déchiré. D’ailleurs, tuer Desmoulins, c’était encore autre chose ; on ne pouvait s’arrêter. Le pauvre Camille, qu’était-ce ? une admirable fleur, qui fleurissait sur Danton ; on n’arrachait l’un qu’en touchant à l’autre…

    (Michelet, Rév. fr., t. X.)