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n’osons censurer dans un numéro ce qui manque à la perfection de notre gouvernement, nous n’osons louer chez les Anglais ce qu’il y a de moins mauvais, comme la liberté des opinions, l’habeas corpus, et le proposer pour exemple à nos concitoyens, de peur qu’ils ne deviennent pires.

Nous nous moquons de la liberté de parler de l’Angleterre, et cependant, dans le procès de Bennet, convaincu d’avoir dit publiquement qu’il souhaitait un plein succès à la République française, et la destruction du gouvernement d’Angleterre, après une longue délibération, leur jury vient de prononcer, il y a quinze jours, que Bennet n’était point coupable, et que les opinions étaient libres.

Nous nous moquons de la liberté d’écrire des Anglais ; cependant il faut convenir que le parti ministériel n’y demande point la tête de Shéridan ou de Fox, pour avoir parlé des généraux, de Brunswick, de Wurmser, Hoode, Moyra, et même du duc d’Yorck, avec autant d’irrévérence au moins que Philippeaux et Bourdon de l’Oise ont parlé des généraux Ronsin et Rossignol.

Étrange bizarrerie ! En Angleterre c’est tout ce qu’il y a d’aristocrates, de gens corrompus, d’esclaves, d’âmes vénales, c’est Pitt, en un mot, qui demande à grands cris la continuation de la guerre ; et c’est tout ce qu’il y a de patriotes, de républicains et de révolu-