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tionnaires, qui vote pour la paix, qui n’espère que de la paix un changement dans leur constitution. En France, tout au rebours : ici ce sont les patriotes et les révolutionnaires qui veulent la guerre ; et il n’y a que les modérantins, les feuillants, si l’on en croit Barère, il n’y a que les contre-révolutionnaires et les amis de Pitt qui osent parler de paix. C’est ainsi que les amis de la liberté, dont les intérêts semblent pourtant devoir être communs, veulent la paix à Londres, et la guerre à Paris, et que le même homme se trouve patriote en-deçà de la Manche, et aristocrate au delà ; montagnard dans la Convention, et ministériel dans le parlement. Mais au moins, dans le parlement d’Angleterre, on n’a jamais fait l’incroyable motion, que celui qui ne se déciderait pas d’abord pour la guerre, par assis et levé, fût réputé suspect, pour son opinion, dans une question de cette importance et si délicate ; qu’on ne pouvait être de l’avis de Barère sans être en même temps de l’avis de Pitt.

Il faut avouer au moins que la tribune de la Convention ne jouit pas de l’inviolabilité d’opinion de la tribune anglaise, et qu’il ne serait pas sûr de parler de nos échecs, comme Shéridan parle de leurs défaites de Noirmoutiers, de Dunkerque, de Toulon. Combien nous sommes plus loin encore de cette âpreté de critique, de cette rudesse sauvage des haran-