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Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/527

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ménager les patriotes, et même ceux qui en font le malheur ; mais apprends par là que tous ces grands tapageurs des sociétés populaires, qui, comme ceux que je viens dénommer, n’ont à la bouche que le mot de guillotine, qui t’appellent chaque jour à leur aide, font de toi un instrument de leurs passions, et, pour venger leur amour-propre de la plus légère piqûre, crient sans cesse, que le peuple soit debout : de même que les dominicains, quand ils font brûler en Espagne un malheureux hérétique, ne manquent jamais de chanter l’Exurgat Deus, que Dieu le père soit debout ; prends-y garde, et tu verras que tous ces tartuffes de patriotisme, tous ces pharisiens, tous ces crucifuges, tous ces gens, qui disant : « Il n’y a que nous de purs, » nous ne resterions pas vingt montagnards à la Convention, si on les passait de même en revue, et qu’on les épurât, non pas dans le club, mais dans mon journal véridique ; parmi ces républicains si fervents, il ne s’en trouverait pas un seul qui ne fût un novice du 10 août ; pas un qui n’eût été naguère, ou brissotin, ou feuillantin, ou même un royaliste mieux prononcé. »

Mais conviens que tu n’oserais citer un seul de ces exemples : crois-moi, conserve en main ta réputation de franchise ; avoue que tu n’as pas assez de courage, ou plutôt ce ne serait point avouer ta poltronnerie. Le cou-