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royale du dedans, et aller au-devant de sa seconde ligue des ultrà, qui venait au secours de la première ligue des feuillants ou des modérés, comme j’avais toujours été sur le même plan, et de toutes les parties, je voulus être encore d’une si belle expédition.

Je voyais que cette révolution que Pitt n’avait pu faire depuis quatre ans, avec tant de gens d’esprit, il l’entreprenait aujourd’hui par l’ignorance, avec les Bouchotte, les Vincent et les Hébert.

Je voyais un système suivi de diffamation contre tous les vieux patriotes, tous les républicains les plus éprouvés ; pas un commissaire de la Convention, presque pas un montagnard, qui ne fût calomnié dans les feuilles du Père Duchesne. L’imagination des nouveaux conspirateurs ne s’était pas mise en frais pour inventer un plan de contre-révolution ; au premier jour, Ronsin serait venu à la Convention, comme Cromwel au parlement, à la tête d’une poignée de ses fiers rouges, et, répétant les propos du Père Duchesne, nous aurait débité absolument le même discours que le protecteur : « Vous êtes des j…-f…, des viédases, des gourgandines, des sardanapales, des fripons qui buvez le sang du pauvre peuple, qui avez des gens à gages, pendant que le pauvre peuple est affamé, etc., etc. »

Je voyais que les hébertistes étaient évi-