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de Lyon. Chose étrange, tel était l’égarement des meilleurs patriotes, qu’au sujet de cet ordre de raser Lyon, mesure qui allait combler de joie l’Angleterre et aussi funeste au commerce de France que la prise de Toulon, Couthon qui est pourtant un excellent citoyen et un homme de sens, commençait ainsi une de ses lettres insérée au Bulletin : « Citoyens collègues, nous vous avions prévenus dans toutes vos mesures ; mais comment se fait-il que la plus sage nous ait échappée, celle de détruire la ville jusque dans ses fondements. »

Quel esprit de vertige s’était donc emparé de nos meilleures têtes, quand Collot-d’Herbois nous écrivait un mois après : « On a déjà osé provoquer l’indulgence pour un individu, on la provoquera bientôt pour toute une ville. On n’a pas encore osé jusqu’ici demander le rapport de votre décret sur l’anéantissement de la ville de Lyon, mais on n’a presque rien fait jusqu’ici pour l’exécuter. Les démolitions sont trop lentes ; il faut des moyens plus rapides à l’impatience républicaine. À la place du marteau qui démolit pierre à pierre, ne pourrait-on pas employer la poudre pour faire sauter les rues en masse. » Est-ce le bon père Gérard qui parle ainsi, et quelle est cette impatience de Londres et d’Amsterdam, de voir détruire par nos mains une ville rivale, la plus commer-