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cus ! Venez Mèdes, et vous serez vaincus ! Venez tous les peuples, et vous serez vaincus ! J’ai toujours compté sur l’énergie nationale et sur l’impétuosité française, doublée par la Révolution, et non sur la tactique et l’habileté des généraux. Parmi les sottises qu’Hébert fait débiter, apparemment pour me mettre au pas, il n’est point de propos plus ridicule que celui qu’il m’a prêté à la tribune des Jacobins, en me faisant dire que si j’étais allé dîner chez Dillon, c’était pour l’empêcher d’être un prince Eugène et de gagner contre nous des batailles de Malplaquet et de Ramillies. Je n’en persiste pas moins à croire que si nous avions eu à la tête de nos armées des généraux patriotes qui eussent les connaissances militaires de Dillon, la bravoure du républicain français guidée par l’habileté des officiers, eût déjà pénétré jusqu’à Madrid et jusqu’aux bouches du Rhin.

Je n’en persiste pas moins à croire que j’ai eu raison de pressentir les plus funestes impérities de la Vendée, lorsque j’entendis, il y a dix mois, aux Jacobins un tonnerre d’applaudissements ébranler la salle à ces mots d’H… que nous avions en France trois millions de généraux, et que tous les soldats sont également propres à commander à leur tour et par l’ancienneté de médaillon. Comment peut-on méconnaître à ce point les avantages de la science militaire et du génie ?