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Je suis obligé d’user de redite et de répéter dans mon credo ce que j’ai dit mainte fois, parce qu’il n’est pas ici question de me faire une réputation d’auteur, mais de défendre celle de patriote, d’imposer à mes concitoyens et de leur divulguer mes dogmes politiques, et de soumettre au jugement des contemporains et de la postérité la profession de foi du Vieux Cordelier, afin qu’on soit en état de juger, non ma réputation d’auteur, mais celle de patriote, ou plutôt il n’est pas ici question ni de moi, ni de ma réputation, mais d’imposer les dogmes de la saine politique et d’inculquer à mes concitoyens des principes dont un État ne peut pas s’écarter impunément. Par exemple, il est certain comme je l’ai dit, que la guerre est un art, où, comme dans tous les autres, on ne se perfectionne qu’à la longue, il ne s’est encore trouvé que deux généraux, Lucullus et Spinola, qu’un génie extraordinaire ait dispensé de cette règle, et quoique tous les jours des officiers prennent hardiment le commandement d’armées de 40 mille hommes. Turenne, qui était un si grand capitaine, ne concevait pas comment un général pouvait se charger de conduire plus de 35 mille hommes ; et en effet, c’est avec une armée toujours inférieure qu’il marchait chaque jour à une nouvelle victoire. Si l’habileté est nécessaire dans le médecin qui a entre ses mains la vie d’un seul homme, et