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si son art est le premier par l’importance de son objet, combien l’art militaire doit être au-dessus et combien il est absurde de ne compter pour rien l’ignorance dans un général, qui, par un ordre sage ou inconsidéré dispose de la vie de 10 mille bommes, qu’il peut perdre ou sauver. J’ai entendu Merlin de M… et Westerman, le Vendéen, et beaucoup d’autres troupiers qu’il n’est pas permis de soupçonner ni de partialité, ni d’incivisme, dire que le grand tort de Philippeaux, dans sa fameuse dénonciation, était d’avoir imputé à trahison ce qu’il devait mettre sur le compte de l’impéritie et n’attribuer qu’à ce système accrédité et prêché par les bureaux de la guerre que tous les parents des commis et les frères des actrices avec qui ils couchaient étaient aussi bons que Villars pour couvrir nos frontières. C’était bien là le renversement de toutes les idées presque innées à force d’être anciennes ; car il y a plus de trois mille ans que le vieux Cambyse adressait ces paroles à son fils Gyrus, si on en croit Xénophon, dans la dernière instruction qu’il lui donnait en lui disant adieu, et lorsque le jeune homme avait déjà fait sonner le tocsin pour courir avec la cavalerie au secours de son beau-père Cyaxare : « Mon fils, il n’est pas permis de demander aux dieux le prix de l’art, quand on n’a jamais manié un art, ni de conduire un vaisseau dans le port, quand on est ignorant de