Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/61

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aveuglement. Par exemple, parmi les auteurs de ce plan machiavélique, Camille cite Lafayette : or, de quelque façon que l'on juge et les idées et là conduite du général, ce que 2' avenir au moins devait mettre hors de doute, c'était la persistance de celui dont Napoléon disait un jour dans son conseil d'Etat : « Tout le monde, en France, est corrigé ; il n'y a qu'un seul homme qui ne le soit pas, Lafayette ! Il n'a jamais reculé d'une ligne. Vous le voyez tranquille ? Eh bien ! je vous dis, moi, qu'il est tout prêt à recommencer. »

L'Assemblée législative ne devait pas tarder, d'ailleurs, à donner satisfaction à quelquesunes des idées qui tenaient le plus au cœur de Camille. A l'occasion des décrets sur les émigrés et sur les prêtres insermentés, et du veto que le roi avait opposé à ces mesures, Camille vint dans la séance du 1 1 décembre présenter une adresse qu'il pria l'un des secrétaires de l'Assemblée, l'abbé Fauchet, de lire, attendu « qu'il se défiait de sa voix ; » il en était évidemment le rédacteur, car on l'y retrouve tout entier. En voici le début :

« Dignes représentants, les applaudissements sont la liste civile du peuple. Ne repoussez donc point la juste récompense qui vous est décernée par le peuple. Entendez des louanges courtes, comme vous avez entendu plus d'une fois une longue satire. Recueillir les éloges des bons citoyens et les