Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/67

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mais sans insister beaucoup sur ce point. Puis, passant à la vie politique de Brissot, il l'accuse nettement de trahison. Malheureusement ici, il né prouve rien, et parmi ces reproches, s'il y en a d'assez fondés, il y en a qui sont tout à l'ait absurdes et mal placés surtout sous la plume de Camille Desmoulins. Où il a raison, c'est quand il reproche à Brissot cette fureur belliqueuse qui lui ferait déclarer la guerre à l'Europe entière, cette manie d'affranchir le genre humain, quand la liberté n'a pas encore pris solidement racine en France ; un passage vaut la peine d'être cité :

« C'est un beau sentiment, et digne d'un Las-Casas, d'embrasser tout le genre humain dans ses affections ; c'est une grande idée, et digne d'un Alexandre en philanthropie, de vouloir affranchir à la fois tous les peuples et toutes les castes ; mais ce vœu ne peut être que le second, dans un révolutionnaire politique, et non aventurier, qui médite non pour « a gloire, ce qui frappe l'imagination, mais poir le bonheur de ses concitoyens, ce qui act faisable ; qui reporte ses regards sur les siècles passés, qui considère que la liberté a été le partage de bien peu de peuples ; que, dans ce petit nombre, chez la plupart, elle n'a fait que poser le pied et fuir pour jamais, qu'elle a semblé jusqu'ici se complaire sur des rochers et dans de petits Etats, et qui la voit s'établir à ses côtés, au milieu de vingt-cinq