Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 88 —

pagner de quelques-uns de ces mots élogieux, comme lui seul savait les trouver. Il avait seulement regretté que Brissot fût trop indulgent pour Lafayette, et trop sévère envers des députés du côté gauche, dont Camille croyait la popularité utile encore, Barnave, par exemple, Adrien Duport et les Lameth. C'est tout

Brissot, dans son journal quotidien, le Patriote français, avait été moins indulgent envers les peccadilles de son jeune confrère.

Les Révolutions de France et de Brabant, feuille hebdomadaire de Desmoulins, ayant annoncé qu'elles allaient cesser de paraître, Brissot « de son navire à trois ponts, » ditCamille, tira sur un frêle esquif, rentrant au port, trois bordées épouvantables. Desmoulins continua sa feuille pour répondre à cette attaque « contraire au droit des gens. » Sa réponse était en deux parties : dans l'une, il se défendait ; l'autre était récriminatoire. La première parut ; mais Camille ayant appris que Brissot regrettait son agression, il renonça à imprimer la seconde moitié de son écrit, celle où il usait de représailles. Il désarma généreusement.

Brissot ne tint pas compte du procédé. Et lorsque Camille eut la légèreté de placarder sa justification des teneurs de tripot, le Patriote français publia un article venimeux, qui se terminait ainsi : « Cet homme (Desmoulins) ne se dit donc patriote que pour calomnier le