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patriotisme. » Ah ! Brissot a commis une imprudence.

Quelque temps avant la Révolution, cet homme de lettres avait frisé l'indélicatesse. Il avait annoncé la publication d'un ouvrage, et recueilli des souscriptions. Le livre n'avait point paru, et Brissot n'avait pas rendu l'argent. Si bien que du nom de Brissot, la bo hême des libellistes avait fait le verbe brissoter, synonyme de filouter.

Camille, qui savait cette aventure, ne se crut plus obligé d'en garder le secret ; et il fit de cette révélation foudroyante le bouquet de sa défense, qui avait pour titre : Brissot démasqué. Je n'en citerai qu'un seul trait. Camille avait, selon son habitude, pris une épigraphe ; et, cette fois, il l'avait empruntée aux psaumes de David ; c'était une allusion sanglante au néologisme brissoter : « factus sumin proverbium ; je suis devenu proverbe. » Brissot fut étendu par la fronde du roiprophète. Il ne revint jamais de ce pamphlet. Gomme ces chevaliers du poëte, il allait encore, mais il était mort !...

Le Brissot démasqué parut en 1792.

C'est à cette époque qu'il faudrait placer aussi l'apparition du second journal de Camille Desmoulins, la Tribune des patriotes. Je ne puis vous en rien dire. J'ai lu cette feuille dans ma jeunesse ; mais il m'a été impossible de m'en procurer un exemplaire,