Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 93 —

cours de Marat ; mais la Tribune des patriotes n'aida pas moins à hâter l'avènement de la République,

Les événements se précipitent : l'ennemi est aux portes ; il faut en finir avec une royauté qui conspire contre la France, et va livrer à l'étranger les frontières sacrées de la patrie. Quelle part Camille prit-il au 10 août ? Il ne l'a pas dit. L'histoire des conjurations ne s'écrit pas le lendemain du succès. On les avoue quand les révolutions vous permettent de vieillir, et on n'en confie guère le secret qu'à des mémoires d'outre-tombe. Mais nous savons aujourd'hui que Desmoulins ne fut pas sans influence sur le mouvement, résolu dans une réunion à l'issue de laquelle il fit, selon son habitude, une citation :

Maintenant, de la mort l'amertume est passée.

Et sa femme, Lucile Duplessis, a laissé un récit naïf de ses angoisses, à elle, pendant la nuit du tocsin et lamatinée du combat. J'y ai trouvé ce mot d'une délicatesse que seule rencontre la plume des femmes : « J'ai su depuis qu'il s'était exposé. »

Le lendemain, Camille entrait au ministère de la justice avec « son ami Danton, par la brèche des Tuileries et la grâce du canon. »

Me sera-t-il permis de citer un trait qui marque le désintéressement de cette époque et de ces hommes ? En août 92, Camille avait