Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/98

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dre, « exercer l'apostat de la liberté » ne signifiant rien. Marat partit de là pour injurier Desmoulins durant huit pages de Y Ami du peuple. Enfin, lorsqu'il fut à bout de son catéchisme de gros mots, il le traita de jeune homme.

Camille répondit : « Ecoute, Marat, je te permets de dire de moi tout le mal que tu voudras. Tu écris dans un souterrain où l'air ambiant n'est pas propre à donner des idées gaies, et peut faire un Timon d'un Vadé... Tu as raison de prendre sur moi le pas de l'ancienneté et dem'appeler dédaigneusement jeune homme, puisqu'il y a vingt-quatre ans que Voltaire s'est moqué de toi... Tu auras beau me dire des injures, comme tu fais depuis six mois, je te déclare que tant que je te verrai extravaguer dans le sens de la Révolution, je persisterai à te louer, parce que je pense que nous devons défendre la liberté, comme la ville de Saint-Malo, non-seulement avec des hommes, mais avec des chiens. » Marat se le tint pour dit et ne revint plus sur la faute typographique ; mais lorsque Fréron et Camille commirent l'inconséquence de solliciter sa collaboration, il leur répondit avec un vers de six mesures et un orgueil qui n'en avait point :

L'aigle va toujours seul, mais le dindon fait troupe.

Camille et Fréron durent se passer du con-