Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/167

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Du Dieu qui les poursuit annonçant la justice,
Ils vont porter partout l’arrêt de leur supplice.
Sans villes, et sans rois, sans temple et sans autels ;
Vaincus, proscrits, errants, l’opprobre des mortels,
Pourquoi de tant de maux leur demander la cause ?
Va prendre dans leurs mains le livre qui l’expose.
Là tu suivras ce peuple, et liras tour à tour
Ce qu’il fut, ce qu’il est, ce qu’il doit être un jour.
Je m’arrête, et surpris d’un si nouveau spectacle
Je contemple ce peuple, ou plutôt ce miracle.
Nés d’un sang, qui jamais dans un sang étranger,
Après un cours si long n’a pu se mélanger ;
Nés du sang de Jacob, le père de leurs pères,
Dispersés mais unis, ces hommes sont tous frères.
Même religion, même législateur :
Ils respectent toujours le nom du même auteur :
Et tant de malheureux répandus dans le monde
Ne font qu’une famille éparse et vagabonde.
Mèdes, assyriens, vous êtes disparus :
Parthes, carthaginois, romains, vous n’êtes plus.
Et toi, fier sarrasin, qu’as-tu fait de ta gloire ?
Il ne reste de toi, que ton nom dans l’histoire.
Ces destructeurs d’états sont détruits par le temps,
Et la terre cent fois a changé d’habitants,
Tandis qu’un peuple seul, que tout peuple déteste,
S’obstine à nous montrer son déplorable reste.