Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/166

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je t’admire, et je reviens à toi :
L’un et l’autre hémisphère est rempli de ta loi.
Des oracles du ciel es-tu dépositaire ?
De ta religion quel est le caractère ?
Si tu veux, répond-il, chercher sa vérité,
Remonte seulement à son antiquité.
L’histoire t’apprendrait sa naissance et son âge,
Si de l’homme en effet sa gloire était l’ouvrage.
Mais avec l’univers son âge prend son cours :
Elle naquit le jour que naquirent les jours.
A peine du néant l’homme venait d’éclore,
Déjà coulait pour lui le pur sang que j’adore :
Et mes premiers écrits, annales des humains,
Des mains du premier peuple ont passé dans mes mains.
Quand le ciel eut permis qu’à la race mortelle,
Un livre conservât sa parole éternelle,
Aux neveux d’Israël (Dieu les aimait alors)
Moïse confia le plus grand des trésors.
Les fils de ses neveux conservèrent le gage
Qu’un père à ses enfants laissait pour héritage.
Dans ce livre par eux de tout temps révéré
Le nombre des mots même est un nombre sacré.
Ils ont peur qu’une main téméraire et profane
N’ose altérer un jour la loi qui les condamne,
La loi, qui de leur long et cruel châtiment
Montre à leurs ennemis le juste fondement.