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Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/193

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Le prince son image, et maître des humains,
Tient du maître des cieux le glaive dans ses mains.
Sujets, obéissez ; le murmure est un crime.
En vain contre un pouvoir cruel, mais légitime,
Des peuples révoltés s’arment de toutes parts,
Les chrétiens sont toujours fidèles aux Césars.
Ont-ils donc par faiblesse une âme si soumise ?
Leur pouvoir éclatant redouble ma surprise.
La nature obéit, et tremble devant eux.
Quel spectacle étonnant de miracles nombreux ?
Que de tristes mourants, qui fermaient leur paupière,
Sont tout à coup rendus à la douce lumière !
Et du fond des tombeaux que de morts rappelés !
De deux camps ennemis par la soif désolés,
Quand d’un soleil brûlant la chaleur les embrase,
L’un périt, le ciel tonne, et la foudre l’écrase ;
Et tandis que les feux écartent le Germain,
un torrent salutaire abreuve le romain :
Le soldat demi-mort, dans une heureuse pluie
Trouve tout à la fois la victoire et la vie.
De ce bienfait, le prince admire les auteurs,
Et le peuple obstiné les appelle enchanteurs.
Enchantement divin qui commande au tonnerre !
Le charme vient du ciel, quand il change la terre.
Elle change : bientôt l’objet de ses horreurs,
La croix, orne le front de ses fiers empereurs.
Constantin triomphant fait triompher la gloire
Du signe lumineux qui promit sa victoire.