Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/225

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Ce jour est le dernier des jours de l’univers.
Dieu cite devant lui tous les peuples divers,
Et pour en séparer les saints, son héritage,
De sa religion vient consommer l’ouvrage.
La terre, le soleil, le temps, tout va périr,
Et de l’éternité les portes vont s’ouvrir.
Elles s’ouvrent. Le Dieu si longtemps invisible,
S’avance, précédé de sa gloire terrible :
Entouré du tonnerre, au milieu des éclairs,
Son trône étincelant, s’élève dans les airs.
Le grand rideau se tire, et ce Dieu vient en maître.
Malheureux, qui pour lors commence à le connaître.
Ses anges ont partout fait entendre leur voix,
Et sortant de la poudre une seconde fois,
Le genre humain tremblant, sans appui, sans refuge ;
Ne voit plus de grandeur que celle de son juge.
Ebloui des rayons dont il se sent percer,
L’impie avec horreur voudrait les repousser :
Il n’est plus temps. Il voit la gloire qui l’opprime,
Et tombe enseveli dans l’éternel abîme,
Lieu de larmes, de cris, et de rugissements.
Dans ce séjour affreux quels seront vos tourments,
Infidèles chrétiens, cœurs durs, âmes ingrates,
Lorsque vous y voyez les Titus, les Socrates,
Hélas ! Jamais du ciel ils n’ont connu les dons
Réunir leurs douleurs à celles des Catons ?
Lorsque le bonze étale en vain sa pénitence ;
Quand le pâle brahmine, après tant d’abstinence,
Apprend que contre lui bizarrement cruel
Il ne fit qu’avancer son supplice éternel ?