Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/226

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De sa chute surpris le musulman regrette
Le paradis charmant promis par son prophète,
Et loin des voluptés qu’attendait son erreur,
Ne trouve devant lui que la rage et l’horreur.
Le vrai chrétien, lui seul, ne voit rien qui l’étonne.
Et sur ce tribunal que la foudre environne,
Il voit le même Dieu qu’il a cru sans le voir,
L’objet de son amour, la fin de son espoir.
Mais il n’a plus besoin de foi ni d’espérance :
Un éternel amour en est la récompense.
Sainte religion, qu’à ta grandeur offerts
Jusqu’à ce dernier jour puissent durer mes vers !
D’une muse, toujours compagne de ta gloire,
Autant que tu vivras fais vivre la mémoire.
La sienne… qu’ai-je dit ? Où vais-je m’égarer ?
Dans un cœur tout à toi l’orgueil veut-il entrer ?
Sois de tous mes désirs la règle et l’interprète :
Et que ta seule gloire occupe ton poète.