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Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/39

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A la voix du seigneur l’univers enfanté,
Etaloit en tous lieux sa naissante beauté.
Le soleil commençoit ses routes ordonnées ;
Les ondes dans leur lit étoient emprisonnées ;
Déja le tendre oiseau s’élevant dans les airs,
Benissoit son auteur par ses nouveaux concerts :
Mais il manquoit encore un maître à tout l’ouvrage.
Faisons l’homme, dit Dieu : faisons-le à notre image.
Soudain pétri de boue, et d’un souffle animé,
Ce chef-d’œuvre connut qu’un dieu l’avoit formé.
La nature attentive aux besoins de son maître,
Lui présenta les fruits que son sein faisoit naître ;
Et l’univers soumis à cette aimable loi,
Conspira tout entier au bonheur de son roi.
La fatigue, la faim, la soif, la maladie
Ne pouvoient altérer le repos de sa vie :
La mort même n’osoit déranger les ressorts
Que le souffle divin animoit dans son corps.
Il n’eut point à sortir d’une enfance ignorante :
Il n’eut point à dompter une chair insolente.
L’ordre régnoit alors, tout étoit dans son lieu ;
L’animal craignoit l’homme, et l’homme craignoit Dieu :
Et dans l’homme, le corps respectueux, docile,
A l’ame fournissoit un serviteur utile.
Charmé des saints attraits, de biens environné,
Adam à son conseil vivoit abandonné.
Tout étoit juste en lui, sa force étoit entiere :
Il pouvoit sans tomber poursuivre sa carriere,
Soutenu cependant du céleste secours,
Qui pour aller à Dieu le conduisoit toujours.