Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
125
CHANT TROISIÈME.

ix.

Les agrafes de fer résistèrent long-temps à tous ses efforts ; car, dès qu’il avait réussi à en ouvrir une, elle se fermait pendant qu’il cherchait à ouvrir l’autre. Elles ne cédèrent à ses mains profanes que lorsqu’il eut frotté la couverture avec le sang figé du blessé. Alors le livre s’ouvrit, et le nain eut le temps d’y lire un secret magique : par sa vertu on pouvait prendre une belle dame pour un vaillant chevalier ; les toiles d’araignée tapissant les murailles d’un cachot pour de riches tentures ornant les murs d’un palais ; une coquille de noix pour une nacelle dorée ; une chaumière pour un château ; la jeune fille pour une vieille surannée ; le vieillard pour un jeune homme ; enfin donner à l’illusion l’apparence de la vérité.

x.

Il allait continuer de lire, quand il reçut un coup si violent qu’il en fut renversé à côté de Deloraine. Il se releva d’un air confus, balançant sa grosse tête qui n’avait aucune proportion avec son corps : — Vieillard des siècles, s’écria-t-il, tu frappes bien fort ! il ne prononça que ces mots, et n’osant plus tenter d’ouvrir le livre, qui s’était fermé de lui-même, il le cacha sous ses vêtemens. Les agrafes, quoique couvertes de sang chrétien, se réunirent plus étroitement que jamais. Si vous me demandez qui l’avait ainsi frappé, c’est ce qu’il me serait impossible de vous dire ; mais ce coup n’avait pas été porté par une main mortelle.

xi.

Le page exécuta enfin, quoiqu’à contre-cœur, les ordres de son maître ; et, ayant soulevé Deloraine privé de connaissance, il le mit sur un cheval, et le conduisit au château de Branksome, où il le fit entrer à la barbe de toutes les sentinelles, qui jurèrent qu’elles n’avaient vu arriver qu’une charrette chargée de foin. Il le mena dans la tour du roi David, jusqu’à la porte de l’appartement secret de la dame du château ; et, sans le talisman qui