Aller au contenu

Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
132
LE LAI DU DERNIER MÉNESTREL

geait les travaux de son vieux sénéchal, et parlait du danger en souriant. Elle enflammait le courage des jeunes chevaliers, et tenait conseil avec les guerriers plus âgés et plus prudens. On ne connaissait encore ni le nombre ni le projet des ennemis. Les uns disaient qu’ils étaient au nombre de dix mille ; les autres prétendaient que ce n’étaient que les dans de Leven ou de Tynedale qui venaient lever le black-mail ; Liddesdale, avec quelque peu d’aide, les repousserait aisément. Ce fut ainsi qu’on passa la nuit dans l’inquiétude, et l’on vit avec plaisir le lever de l’aurore.


Le ménestrel reprit haleine, et le cercle qui l’écoutait donna des éloges à ses chants. On regretta qu’à un âge si avancé, quand il aurait eu besoin de quelque appui, il eût à faire en ce monde un pèlerinage si pénible. N’avait-il pas d’amis, pas de fille chérie pour partager et adoucir ses travaux, pas de fils pour être le soutien de son père, et pour le guider dans les sentiers épineux de la vie ? Il en eut un, mais il n’existait plus. Il pencha la tête sur sa harpe ; sa main en parcourut tour à tour les cordes pour arrêter la larme qui voulait s’échapper de ses yeux, et la douleur paternelle se trahit par un prélude lent et solennel.

CHANT QUATRIÈME.

i.

Aimable Teviot, les feux, signaux de la guerre, ne brillent plus sur tes flots argentés ; tes rives, qu’ombragent les saules, ne voient plus de, fiers guerriers couverts d’airain ; dans les prairies, dans les vallées où tu serpentes, tout est paisible et calme ; comme si tes eaux, depuis la naissance du temps, depuis le jour où elles furent pour