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CHANT QUATRIÈME.

pour une paire de faucons et une bourse d’or. Malheur à toi, si tu laisses dans toute la vallée un pouce de terre à un seul homme du clan des Beattisons ! n’épargne que Woodkerrick, qui m’a donné son cheval pour fuir. L’intrépide Branksome accepte cette offre avec joie, il jette au comte une bourse pleine d’or, et part pour Eskdale à la tête de cinq cents cavaliers. Il les laisse derrière la montagne, et va seul dans la vallée trouver Gilbert et ses compagnons. — Reconnais-moi pour ton Chef et ton seigneur suzerain, lui dit-il, et ne crois pas me traiter comme le pacifique Morton, car les Scotts ne craignent personne le fer à la main. Acquitte-toi, sans murmurer, de l’heriot que tu me dois ; donne-moi ton cheval blanc, ou tu t’en repentiras. Si je sonne trois fois du cor, ce son retentira long-temps aux oreilles des habitans d’Eskdale.

xii.

Le Beattison répondit par un sourire méprisant : — Ton cor ne nous inspire pas de crainte, et jamais Gilbert ne cèdera son coursier blanc à un Scott orgueilleux. Retourne à pied à Branksome avec tes éperons rouillés et tes bottes couvertes de boue. — Branksome à ces mots sonna du cor avec tant de force que le daim épouvanté en tressaillit jusqu’à Craig-Cross : il en sonna une seconde fois, et l’on commença à voir briller des lances à travers le brouillard qui couvrait la montagnes à la troisième fois, ce son redoutable parvint jusqu’aux rochers de Pentoun-Linn, et fut répété par leurs échos. Ses vassaux arrivèrent en un instant, et vous auriez vu alors une mêlée terrible. Que de cavaliers désarçonnés ! que de lances rompues ! Chaque parole insultante qu’avait prononcée Gilbert coûta la vie à un Beattison. Le Chef lui-même tira son épée et en perça l’orgueilleux Galliard. L’endroit où son sang teignit la terre se nomme encore la sépulture de Gilbert. Le clan des Beattisons fut détruit par les Scotts, et un seul d’entre eux conserva ses domaines. Ce fut ainsi que le cheval blanc fit changer de maître à toute la vallée que