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LE LAI DU DERNIER MÉNESTREL

forme l’Esk depuis sa source jusqu’à son embouchure.

xiii.

Après les Scotts on vit arriver Headshaw, Whitslade, surnommé le Faucon, et plus de guerriers que je n’en pourrais nommer, depuis Yarrow-Cleugh jusqu’à Hindhaugh-Swair, depuis Woodhousclie jusqu’à Chestergleu, fantassins et cavaliers armés d’arcs et de lances. Leur mot de ralliement était Bellenden, et jamais la frontière n’avait envoyé des troupes plus braves, soit pour assiéger une place, soit pour la secourir. La noble dame sentit son cœur s’enfler d’orgueil en voyant les secours qui lui arrivaient. Elle ordonna qu’on fit venir son fils, afin qu’il apprît à connaître les amis de son père, et à faire face à ses ennemis. — L’enfant est mûr pour la guerre, je l’ai vu bander un arc, j’ai vu sa flèche fidèle frapper un nid de corbeau sur le rocher. La croix rouge placée sur la poitrine de l’Anglais est plus large que le nid du corbeau : Whitslade, tu lui apprendras à manier les armes, et tu le couvriras du bouclier de son père.

xiv.


Comme vous pouvez bien le croire, le rusé page ne se souciait pas de paraître devant l’habile dame. Il feignit une frayeur enfantine, poussa des cris, versa des larmes, et se livra aux plaintes et aux gémissemens. On vint dire à la châtelaine qu’il fallait que quelque fée eût jeté un charme sur cet enfant naguère si fier et si hardi. La noble dame rougit de honte : — Qu’il s’éloigne avant que son clan soit témoin de sa faiblesse. Wat Tinlinn, tu seras son guide. Conduis ce rejeton dégénéré à Buccleuch, sur les bords solitaires du Rangleburn. Il faut que quelque mauvais génie ait maudit notre race, pour qu’un lâche ait reçu le jour de moi.

xv.


Wat Tinlinn avait reçu une commission pénible en se chargeant de conduire l’héritier supposé de Branksome. Dès que le palefroi sentit le poids du nain malfaisant, il