Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faits pour agiter l’éventail devant une dame, pour tresser ses cheveux, ou guider une soie déliée à travers le tissu d’une broderie. Son teint était blanc, ses cheveux tombaient en boucles d’or, et quand il soupirait, les plis du drap grossier de son pourpoint brun ne pouvaient arrêter les battemens de son sein. L’auriez-vous laissé auprès de quelque dame ? ou plutôt ce gentil page n’était-il qu’une gentille maîtresse par amour ?

xvi.

Cette plaisanterie ne pouvait plaire à Marmion. Il roulait déjà des yeux enflammés ; mais, réprimant sa colère naissante, il répondit froidement : — Cet enfant que vous trouviez si beau n’aurait pu supporter l’air glacé du nord. Voulez-vous en savoir davantage ? Je l’ai laissé malade à Lindisfarn. En voilà assez sur lui. Mais à votre tour, seigneur, me direz-vous pourquoi votre dame dédaigne aujourd’hui d’embellir ce salon ? cette dame si sage et si belle aurait-elle entrepris quelque pieux pèlerinage ?

Marmion dissimulait ainsi une question moqueuse, car la médisance s’égayait tout bas sur la dame de sir Hugh Heron.

xvii.

Ce chevalier feignit de ne pas sentir l’ironie, et répondit négligemment : — Quel est l’oiseau qui, libre de ses ailes, se plaît à rester dans sa cage ? Norham est si triste ! ses grilles, ses créneaux, ses sombres tours inspirent tant d’ennui ! Mon aimai g dame préfère jouir d’un jour plus gai et de sa liberté à ta cour de la belle reine Marguerite. Nous pouvons bien garder notre lévrier en lesse, retenir sur le poing l’impatient faucon, mais est-il un lieu capable de fixer une beauté légère ? Laissons cet oiseau volage errer dans les airs, il reviendra près de nous quand ses ailes seront fatiguées.

xviii.

— Hé bien, si lady Heron habite avec la royale épouse de Jacques, vous voyez en moi un messager prêt à lui por-