cieux de ses épaules. Tous ceux qui dans le combat de la nuit avaient admiré sa valeur sans égale, ne furent pas moins surpris de ses appas ; en la voyant on la trouva belle, et en la trouvant belle on l’aima[1]. Sa présence calma tous les transports jaloux et charma quelque temps les soucis de Malbèque ; ce chevalier errant, protecteur des dames, oublia les droits de sa Colombelle, et une passion naguère inconnue conquit le cœur du brusque sir Satyrane. Le volage Paridel, tout hardi qu’il était, n’osa pas la contempler sans respect. Tu charmais et tu domptais à la fois tous les cœurs, incomparable Britomarte !
C’est ainsi, belle cité, que, dépouillée de tes remparts, tu nous parais aussi imposante et plus aimable que dans ton appareil de guerre. Ne crois pas que ton trône, devenu d’un abord facile, ait perdu sa force et sa sécurité ! Aujourd’hui comme toujours, reine du nord, tu peux envoyer tes enfans aux combats. Jamais tes citoyens n’auraient montré plus de zèle si l’airain sonnait l’heure du danger ; tu les verrais accourir pleins de bravoure, et t’entourer du rempart de leur corps. Tous tes enfans élevés pour les combats teindraient de leur sang le sol qui les vit naître, plutôt que de laisser enlever le moindre créneau de ta couronne murale. S’il venait, comme il peut venir, ô Édimbourg ! ce jour d’alarmes, l’hospitalité qui te fut toujours chère fléchirait le ciel en ta faveur ; car les anges eux-mêmes daignaient aux premiers âges du monde encourager les patriarches à cette douce vertu. Les bénédictions du dieu des opprimés accompagneraient tes défenseurs ! cité bienfaisante, refuge des rois malheureux, tu reçus Henry fuyant York son vainqueur (1), et dernièrement tu as vu avec douleur et respect les débris de la noble race des Bourbons.
Mais trève à ces pensées… elles me forcent de détour-
- ↑ Vers imité de Spencer :
For every one her liked, and every one her loved.
Fairy Queen, I. iii, ch. 9.