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Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/271

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m’offre plus que ce triste aspect, je lui dis adieu volontiers ; il est doux de changer l’abri désert des forêts pour les livres et les conversations de la ville ; j’y retrouve avec un plaisir nouveau les occupations du jour et les soirées au coin du feu.

Ici je n’ai pas lieu de déplorer dans mes vers les ravages du temps, comme je le faisais jadis sur les tours en ruines de Newark, et à Ettrick dépouillé de ses ombrages 1.

Il est vrai que la reine de la Calédonie a aussi essuyé des changemens : jadis fortifiée sur ces sombres collines, bornée et défendue par un rempart, avec des bastions, des tours, un lac et une garnison, elle ne permettait l’entrée de son enceinte que par ses portes bien gardées ; au-dessus des arceaux était suspendue une herse armée de fourches de fer : ce temps n’est plus, mais il n’y a que quelques années qu’une porte massive était encore fermée de bonne heure et se laissait suppléer pendant la nuit par un guichet grossier. O toi qui fus comme bardée de fer, Edimbourg ! tu es aujourd’hui paisiblement assise sur tes collines, comme une reine dans un asile champêtre ; libre et ne connaissant plus de limites, tu étends tes bras jusqu’à la nier, et au lieu du nuage obscur qui planait sans cesse sur tes rochers, tes tours et ton lac, tu réfléchis la brillante lumière du soleil couchant.

Telle cette amazone célébrée par Spencer dans son poëme de la reine des Fées 2, Britomarte, dont la lance magique faisait mordre la poussière à tous les paladins, changea soudain de forme lorsque recevant l’hospitalité dans le château de Malbèque, elle laissa flotter sa robe virginale. Débarrassé des entraves de la cuirasse, son sein battit en liberté ; on put contempler son modeste sourire, ses yeux bleus cachés jusque-là par sa visière, et les boucles d’or de sa chevelure tombèrent sur les contours gra-

(1) Voyez l’introduction au chant II.

(2) livre III, chap. IX.