Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/302

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de la terre, des portes de fer et des fortifications défendaient l’approche de la citadelle ; mais il n’en était nul besoin du côté de la mer, où les flots et les écueils auraient défié les assaillans les plus hardis. Un profond silence régnait sur ce parapet.

III.

Aussi Clara s’y rendait-elle souvent pour y rêver à ses malheurs et écouter les cris de la mouette. Semblable à un spectre de nuit, elle s’avançait sur la balustrade et contemplait tristement la plaine soulevée des flots. Le rocher et l’Océan lui rappelaient le cloître de Withby, paisible demeure qu’elle ne devait plus revoir, car elle avait déposé, par les ordres de Douglas, la guimpe, le voile et la robe des bénédictines. Il n’était pas bien, avait dit le comte, de porter hors du monastère les vêtemens d’une novice.

Les boucles de sa blonde chevelure flottaient de nous veau sur la neige de son front ; un riche manteau, orné de broderies, descendait jusqu’à ses pieds, en franges d’or. De tous ses saints ornemens, elle n’avait conservé qu’une croix en rubis, et souvent ses yeux s’attachaient sur son bréviaire, recouvert d’un brillant velours. C’eût été une apparition faite pour inspirer la crainte, que de rencontrer dans ce lieu solitaire, aux pâles rayons de l’aurore, ou dans les ombres du crépuscule, une femme parée avec tant de magnificence, son livre à la main, la croix suspendue à son collier, et la tristesse peinte dans tous ses traits. Un soir Fitz-Eustace errait près de là avec son arc, pour exercer son adresse sur la mouette et le corbeau ; il reconnut Clara immobile et silencieuse ; et, surpris de son aspect extraordinaire, il jura par la vierge Marie qu’on aurait pu la prendre pour une fée trahie par l’amour, ou pour une reine enchantée, car jamais femme n’avait eu des appas si séduisans.

IV.

Un soir elle aperçut, à la clarté de la lune, la voile l