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CHANT SIXIÈME. 297

taine d’un navire qui glissait rapidement sur les flots. — Hélas ! dit-elle en soupirant, ce vaisseau transporte peut-être la sainte prieure dans ce cloître regretté où sa règle paisible sait concilier la charité avec le devoir. Heureuse demeure, où la piété éclaire le cœur d’une lumière céleste, et où les saintes sœurs, ravies en extase, contemplent dans de mystérieuses visions notre divine patronne planant sur un rayon de gloire, et souriant à celles qui la prient. Ah ! pourquoi n’a-t-il pas été donné à mes yeux moins purs de voir cette sainte protectrice ! Serait-ce parce que mon cœur, flétri par des regrets coupables, ne pouvait plus ni s’enflammer, ni s’attendrir ? ou toutes mes affections se seraient-elles éteintes avec celui qui en fut le premier objet ? Cependant, sainte prieure, je n’étais point ingrate pour vos bontés ; vous me trouviez toujours docile à vos ordres ; ah ! quel changement aujourd’hui ! Clara est devenue la victime des caprices et de l’orgueil d’un tyran ! Mais, avant peu, Marmion apprendra que Clare, comte de Gloster, a transmis à sa fille, orpheline et sans appui, sa constance dans l’infortune et sa haine pour l’oppression. Le rejeton d’un tel arbre peut se briser ; mais plier… jamais ?…

V.

— Mais que vois-je ?… Pourquoi cette armure dans ce lieu ?

En effet, elle distingue à quelque distance un bouclier, un casque et une cuirasse qui avait été percée par le fer d’une lance.

— Hélas, dit-elle, tu fus une faible défense contre le glaive du vainqueur, armure teinte encore de sang !….. C’est ainsi, ô Wilton !….. que, ni l’acier de ta cuirasse, ni ta vertu pure comme le diamant, ne suffirent pas pour protéger ton noble cœur au jour de tes disgraces.

Elle lève les yeux avec douleur….. Wilton lui-même est devant Clara….. Hélas ! elle aurait pu croire que ce n’était que son ombre, dépouillé comme il le lui parut de