Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/308

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302 MARMION.

la lune versait surtout une clarté pure dans l’enceinte de la chapelle, par ses croisées en ogives. Deux vieux guerriers de la suite de Douglas et deux prêtres à cheveux blancs y tenaient à la main une torche dont la flamme mêlée d’une fumée obscure n’eût pas suffi pour éclairer les colonnes sculptées de la nef. On voyait près de l’autel un noble seigneur du sang des Douglas, paré d’une mitre brillante et d’un rochet blanc ; mais son regard doux et pensif n’avait rien de cet orgueil si naturel aux prélats. Gawain était plus fier d’avoir fait connaître la Muse de Virgile à l’Écosse encore barbare, que de s’entendre appeler évêque de Dunkeld. A côté de ce prélat était Angus : il avait dépouillé sa simarre en fourrure et son chaperon noir ; un casque couvrait son pâle visage, sa haute stature était revêtue d’une cotte de mailles ; il appuyait sa main sillonnée des rides de l’âge sur cette redoutable épée qui jadis éclaircissait les rangs ennemis, comme la cognée émonde les rameaux d’une jeune forêt. A l’aspect de ce vieillard avec son armure antique, sa grande taille, sa pâleur et son regard glacé, on eût cru voir un de ses aïeux sorti tout armé des caveaux de la chapelle pour répondre à l’ange du jugement.

XII.

Wilton fléchit le genou devant l’autel., Clara lui attache les éperons. Quelle dut être sa pensée, lorsque celle qu’il aimait lui noua son baudrier ! Quelle dut être la pâleur de Clara, lorsqu’elle fixa au côté de son amant une épée qui, éprouvée à l’heure du danger, l’avait déjà trahi !

Douglas lui donne l’accolade.

— Au nom de saint Michel et de saint André, lui dit-il, je te fais chevalier ; lève-toi, sir Ralph, fils de Wilton ; tu peux combattre désormais pour Dieu, ton roi et ta dame.

Quand Wilton se releva, l’évêque Gawain lui dit :

— Oublie tous tes malheurs, chevalier, et toutes tes

CHANT SIXIÈME. 303