Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/309

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disgraces ; car celui qui donne la véritable gloire peut te récompenser doublement.

Wilton soupira : — En quelque lieu que je rencontre un Douglas, dit-il, je promets de voir en lui un frère !

— Non, non, reprit Angus, tu dois te rendre au camp de Surrey, tu ne peux attendre plus long-temps pour réparer tes outrages. J’ai deux fils à l’armée d’Ecosse ; si tu les rencontres dans la mêlée, n’hésite pas de les combattre, défie-les avec bravoure, et que la honte soit le partage de celui qui pâlira le premier.

XIII.

L’aurore se levait lorsque Marmion rassembla sa suite pour se rendre au camp de Surrey. Il avait un sauf-conduit signé du roi, et Douglas lui donna un guide. Le vieux comte voulut aider lui-même Clara à monter sur sa haquenée, en lui disant à demi-voix : — Laissez partir le faucon, sa proie est déjà loin. — Les gens de Marmion défilèrent, mais le chevalier s’arrêta pour faire ses adieux,

— Je pourrais peut-être me plaindre, dit-il à Douglas, d’avoir reçu un accueil un peu froid dans le château de Tantallon ; c’était cependant l’ordre de votre roi qui m’avait fait venir y demander l’hospitalité. Cependant, noble comte, quittons-nous bons amis, et daignez recevoir ma main.

Mais Douglas, s’entourant des plis de son manteau, resta les bras croisés et répondit à Marmion :

— Mon château et mes domaines seront toujours ouverts à quiconque y viendra de la part du roi, quoique mon hôte soit indigne d’être le pair du comte Angus. Mes châteaux appartiennent à mon souverain, depuis le faîte des créneaux jusqu’aux fondations ; mais ma main n’appartient qu’à moi, et jamais elle ne pressera, en signe d’amitié, celle d’un chevalier tel que Marmion.

XIV.

Le front basané de Marmion rougit de colère et tout son corps frissonna.

304 MARMION.