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318 MARMION.

semblables à ces vagues qui roulent dans le sein azuré de l’Océan après avoir balayé une plage déserte.

Les Ecossais connaissent enfin toutes leurs pertes ; leur roi, leurs Chefs, leurs plus braves guerriers, ont disparu du champ de bataille, comme on voit la neige se fondre insensiblement dans la plaine aussitôt que le vent du midi souffle et fait enfler les torrens. Les échos de la Tweed furent frappés toute la nuit du choc continuel des vagues ; elles semblaient vouloir repousser ces bataillons en désordre qui, fuyant vers la terre d’Ecosse, furent apprendre au loin la malheureuse issue de la bataille et donner le signal du deuil de la patrie ; les traditions, les légendes, les ballades et les harpes de nos bardes, éterniseront cette fatale journée ; long-temps encore le père redira à son fils la bataille et le carnage de Flodden, où l’Ecosse vit briser sa lance et son bouclier.

XXXV.

Le jour luit sur le penchant de la colline… c’est là, fière Calédonie, que sont étendus ces braves Chefs, ces chevaliers et ces barons qui furent ton orgueil….. Ceux qui leur survivent sont déjà loin.

Cesse de regarder avec doute ce cadavre mutilé et défiguré ; ne tourne point tes yeux menaçans vers ce château qui commande les frontières du nord, et ne nourris pas la vaine espérance de voir revenir un jour dans sa terre natale le royal pèlerin errant dans les climats étrangers 1. Il fut témoin des revers qu’avait préparés son imprudence ; fatigué de la vie, il combattit avec désespoir dans les rangs de ses preux et tomba sur la plaine de Flodden : cette main vaillante qui tient encore après le trépas sa fidèle épée t’indique assez le monarque d’Ecosse. Mais qu’il est changé depuis cette nuit de fête…

Je me hâte de détourner les yeux et je poursuis mon histoire.

(1) Attention aux incertitudes sur le sort de Jacques après la bataille de Flodden.

CHANT SIXIÈME. 319