Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/420

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tagnes que parce que tu t’es égaré en chassant ; puisque tu ne songeais qu’à la paix , par quel motif as-tu osé te déclarer l’ennemi mortel du fils d’Alpine ?

— Guerrier, hier matin encore je ne connaissais Roderic-Dhu que comme un proscrit, et le chef d’un clan rebelle qui, en présence du régent et de sa cour, frappa jadis un chevalier d’un poignard perfide. Ce trait seul ne doit-il pas suffire pour éloigner de lui tout cœur fidèle et loyal ?

VI.

Courroucé de ce reproche outrageant, le montagnard fronça le sourcil, s’arrêta un moment, et répondit enfin avec un air farouche :

—Sais-tu pourquoi Roderic tira sa dague contre ce chevalier ? sais-tu quelle injure fit tomber sa vengeance sur son ennemi ? Peu importait au chef du clan d’Alpine de se trouver dans les bruyères de nos montagnes, ou au milieu du palais d’Holy-Rood ; Roderic saurait se faire justice même dans la cour céleste !

— Son outrage n’en était pas moins un crime.,.. Il est vrai de dire qu’alors le pouvoir ne savait pas se faire respecter, pendant qu’Albany tenait d’une main faible le sceptre qu’il ne devait pas porter, et que le jeune roi, prisonnier dans la tour de Stirling, était privé de sa couronne et des égards dus à sa naissance. Mais comment justifier la vie de bandit que mène ton Chef, arrachant un vil butin dans des guerres sans motifs, dépouillant le malheureux cultivateur de ses troupeaux et de la moisson arrosée de ses sueurs ?.,. Il me semble qu’une ame noble comme la tienne devrait dédaigner ces dépouilles indignes de la valeur.

VII.

Le Gaël l’écoutait d’un air menaçant, et lui répondît avec le sourire du dédain :

— Saxon, j’ai remarqué que du sommet de cette montagne tu promenais tes yeux ravis sur les riches moissons,