Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/421

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les verts pâturages, les coteaux et les bois qui s’étendent du sud à l’est : ces plaines fertiles, ces gracieux vallons étaient jadis l’apanage des fils de Gaul ; l’étranger vint le fer à la main arracher à nos pères leur terre natale ! En quels lieux est aujourd’hui notre demeure ! Regarde ces rochers entassés sur d’autres rochers ! regarde ces bois incultes ! Si nous demandions aux montagnes, que foulent nos pas, le bœuf laborieux ou l’épi doré des moissons, si nous demandions à ces roches arides des pâturages et des troupeaux , la montagne pourrait nous répondre :

— Comme vos aïeux vous avez le bouclier et les claymorcs ; je vous donne un asile dans mon sein ; c’est de vos glaives qu’il faut obtenir le reste... Crois-tu donc qu’enfermés dans cette forteresse du nord, nous ne ferons pas des sorties pour reconquérir nos dépouilles sur nos ravisseurs , et arracher la proie qui nous fut dérobée ! Ah ! sur mon ame, tant que le Saxon réunira dans la plaine une seule gerbe, tant que de ses dix mille troupeaux un seul errera sur les bords du fleuve, le Gaël, héritier de la plaine et du fleuve , ira réclamer sa part à main armée ! Quel est le Chef de nos montagnes qui avouerait que nos excursions dans les basses terres ne sont pas de justes représailles ? Crois-moi, cherche d’autres torts à Roderic !

VIII.

Fitz-James répondit :

— Si j’en cherchais, penses-tu qu’il me serait difficile d’en trouver ? Comment excuser la perfidie qui a voulu m’égarer et me faire tomber dans une embuscade ?

— C’était le prix que méritait ton audacieuse imprévoyance ? Si tu avais franchement déclaré ton dessein en disant : — Je viens chercher mon limier ou mon faucon ; ou, Je suis appelé par l’amour d’une des filles de votre clan, —tu aurais pu librement parcourir nos montagnes ; mais tout étranger qui se cache est un ennemi secret !... Toutefois, serais-tu un espion, tu n’aurais jamais été con-