Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/423

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puis, s’adressant d’un air farouche au chevalier saxon, il lui dit ;

— Hé bien ! qu’as-tu à répondre ? Voilà les fidèles guerriers du clan d’Alpine, et reconnais en moi Roderic lui-même !

X.

Fitz-James était brave... Surpris de ce spectacle inattendu, il sentit son cœur se glacer soudain, mais retrouvant aussitôt son courage, et fixant à son tour sur le Chef des montagnes un regard plein de hauteur, il s’adossa contre un rocher, et appuyant son pied sur le sol :

— Viens seul, s’écria-t-il, ou venez tous ensemble ; vous verrez plutôt fuir ce rocher de sa base que vous ne me verrez reculer devant vous.

Roderic l’observe, et ses yeux expriment à la fois le respect, la surprise, et cette joie féroce qu’éprouvent les guerriers à l’aspect d’un ennemi digne de leur valeur. Bientôt il fait un geste de la main : toute sa troupe s’est évanouie ; chaque soldat disparaît dans les broussailles et les bois ; les épées, les lances et les arcs rentrent dans les arbrisseaux du taillis : on eût dit que la terre avait englouti de nouveau dans son sein tous ces soldats qu’elle venait d’enfanter. Tout à l’heure la brise agitait les bannières , les plaids flottans et les panaches ; son souffle maintenant glisse sur la colline, et ne balance plus que les fleurs de la bruyère sauvage. Tout à l’heure les rayons du soleil étaient réfléchis par les lances, les glaives, les boucliers, les cottes de mailles, et déjà ils n’éclairent plus que la verte fougère et le noir granit des rochers.

XI.

Fitz-James promène ses regards autour de lui, et en croit à peine ses yeux ; une telle apparition lui semble appartenir à l’illusion d’un songe. Il regarde Roderic avec un air d’incertitude ; mais le Chef des montagnes lui dit :

— Ne crains rien. Ces mots sont inutiles, sans doute ; mais je te déclare que tu aurais tort de te méfier de mes