Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/422

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damné sans être entendu, si un augure ne t’avait dévoué au trépas.

— J’y consens. Je m’abstiendrai de toute autre accusation pour ne point te courroucer ; je dirai seulement qu’un serment m’oblige de me mesurer un jour avec ton Chef orgueilleux. Deux fois j’ai visité le clan d’Alpine sans projet hostile ; mais si je reviens ce ne sera plus qu’avec le glaive hors du fourreau et les bannières déployées, comme un ennemi qui défie l’objet de sa haine ! Non, jamais chevalier brûlant d’amour n’attendit l’heure du rendez-vous avec autant d’impatience que j’attends le moment où je me verrai en face de ton Chef rebelle à la tête de tous ses vassaux !

IX.

— Hé bien ! que tes vœux soient satisfaits, dit le Gaël ; et le son perçant de son sifflet fut répété d’écho en écho comme le cri du courlis. Au même instant, au milieu des taillis et de la bruyère, à droite, à gauche, et de tous les côtés, apparaissent des toques, des lances, et des arcs tendus. Des fentes des rochers surgit le fer des piques ; les javelots sortent des broussailles ; les joncs, les rameaux des saules semblent changés en haches et en épées ; chaque touffe de genêt enfante un guerrier couvert de son plaid et prêt à combattre. Le signal a soudain réuni cinq cents hommes, comme si la montagne s’était entr’ouverte pour rejeter de son sein une armée souterraine.

Tous ces guerriers, attendant les ordres et le nouveau signal de leur Chef, demeurent immobiles et silencieux.

Semblables à ces rochers ébranlés dont les masses pendantes menacent sans cesse de s’écrouler, et que la faible main d’un enfant suffirait pour précipiter dans les profondeurs du défilé, les vassaux de Roderic, le glaive à la main et un pied en avant, sont prêts à s’élancer du revers de la montagne.

Le guide de Fitz-James jette un regard plein de fierté sur les flancs de Benledi, couverts de ses compagnons; et